Prise en charge des psychotraumatismes
Responsables : Dr Patrick Alecian, Anahit Dasseux-Ter Mesropian, Dr Sevan Minassian, Dr Irène Nigolian
L’épidémie de Covid-19, la guerre en Artsakh de 2020, les attaques constantes de l’Azerbaïdjan dans la région du Syunik, le blocus du corridor de Latchin qui s’est conclue par l’exode des Artsakhiotes en septembre 2023, ont rendu l’enjeu du soutien psycho-social vital. Les populations de la région du Syunik et d’Artsakh subissent incessamment, depuis des décennies, de lourds traumatismes psychologiques qui doivent être pris en charge.
Mais force est de constater que les professionnels en la matière sont rares en Arménie et l’idée même du recours à des soins psychologiques et psychiatriques reste souvent tabou.
Depuis le début de son activité, Santé Arménie identifie, forme et prend en charge des psychologues et psychiatres en Arménie et en Artsakh afin de proposer à la population à la fois civile et militaire, un soutien psychologique répondant aux standards internationaux en la matière.
Dans un contexte de menace permanente de reprise du conflit armé, de blocus imposé aux habitants d’Artsakh des mois durant et d’exode forcé de ceux-ci, Santé Arménie salarie des psychologues et psychiatres qui sont formés et suivis par leurs pairs européens bénévoles afin de proposer des consultations individuelles ou en groupe à la population.
En 2023, l’activité de prise en charge des psycho-traumatismes de Santé Arménie s’est déployée en 3 pôles, dans la région du Syunik et en Artsakh :
- À Goris, au sein de l’Hôpital de Jour Santé Arménie, et en collaboration directe avec les autres activités de cet hôpital, une psychologue reçoit des patients quotidiennement.
- Deux autres psychologues employées par Santé Arménie proposent des consultations individuelles à Goris et travaillent également avec des groupes d’adolescents dans une école de la ville de Sisian. En cas de besoin, une psychiatre salariée à temps partiel par Santé Arménie propose des soins aux patients.
- Jusqu’en septembre 2023, en Artsakh, 2 équipes mobiles opéraient à Martakert et Martuni. Ces équipes constituées de 2 psychologues du Centre de consultation Empathia chacune, se rendaient dans les villages frontaliers pour la prise en charge des familles touchées par le deuil et les traumas découlant du contexte de guerre. Ces binômes faisaient appel au médecin psychiatre, quand cela était nécessaire. Avec l’exode de la population d’Artsakh en septembre 2023, les activités de ces équipes n’ont pas cessé. Au contraire, elles se sont intensifiées et se poursuivent dans la région d’Ararat, en Arménie, auprès des réfugiés Artsakhiotes.
Dans le cadre d’une convention interuniversitaire signée en juin 2021 entre l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) et l’Université d’Etat de médecine d’Erevan, à l’initiative du Professeur Jean-Marc Baleyte (pédopsychiatre, PU-PH, CHI de Créteil), Santé Arménie travaille sur la création d’une chaire de pédopsychiatrie à Erevan afin de développer un programme de formation pour les jeunes diplômés et médecins psychiatres arméniens. Le but étant de combler l’absence de formation en pédopsychiatrie en Arménie.
Des professeurs de psychiatrie arméniens de l’Université d’Erevan ainsi que de jeunes professionnels psychologues et psychiatres arméniens bénéficient de formations accélérées à la pédopsychiatrie et de stages à l’UPEC.
Santé Arménie a participé, par ailleurs, au programme d’enseignement post-doctorat en psychologie de l’Université Mesrop Mashtots, en Artsakh. Plusieurs membres de Santé Arménie dispensaient, dans le cadre de ce programme, des cours à la fois théoriques et pratiques concernant les psychopathologies cliniques auprès des enfants, adolescents et adultes.